Aller au contenu

Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mystérieusement sous les plis du plus lourd des pardessus bleus, disant :

« Pas tant de bruit, jeunes gens ! pas tant de bruit ! C’est un imbécile de s’être trouvé mal comme une fille !

— Du vin ! et pas de sermons ! s’écria Peter qui, avec l’aide de Ben, frottait Jacob des pieds à la tête. »

Ludwig étendit ses mains suppliantes vers le fermier hollandais, qui avec un air de grande importance, fouillait toujours sous son pardessus.

« Dépêchez-vous, je vous en prie, mynheer ! Il va mourir ! N’y a-t-il personne autre qui ait du vin et qui puisse s’en séparer plus vivement ?

— Il est mort ! dit une voix solennelle parmi les spectateurs. »

Ces paroles saisirent le fermier.

« Prenez garde, dit-il en produisant à contre-cœur un petit flacon bleu, c’est du schiedam ; il n’en faut pas beaucoup. »

En effet, quelques gouttes suffirent. Une légère rougeur succéda à la pâleur sur le visage de Poot. Sa paupière se souleva à moitié, puis se referma pour se rouvrir et laisser passer quelques regards, tout ensemble effarés, égarés et honteux. Il essaya machinalement de se débarrasser des mains qui l’étreignaient et de ramener sur lui ses vêtements.

« Quelle peur tu nous as faite ! dit Ben en l’embrassant d’un côté, tandis que Peter, de l’autre côté, lui tapotait, lui caressait le front.

— Mes amis, dit enfin Poot d’une voix attendrie, je suis… je suis une grosse bête, d’un usage impossible. Vous auriez mieux fait de me laisser chez moi. Quel embarras je vous donne !

— Allons donc ! dirent Lambert, Ludwig et Karl lui-même, c’est nous qui n’avons pas été raisonnables ; un peu de repos vous eût suffi, mon pauvre Jacob. »