Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/163

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Il ne restait plus d’autre alternative maintenant à nos jeunes gens que de faire transporter, d’une manière ou d’une autre, leur camarade à Leyde. Quant à espérer qu’il patinerait encore ce jour-là, c’était inadmissible. Il est positif que tous, sans exception, avaient en ce moment un désir très-grand de monter à bord d’un bateau-traîneau, et que tous prenaient, in petto, la résolution stoïque d’être fidèles à Jacob. Une légère brise commençait à souffler du midi. Qu’il se présentât seulement un patron de « schip » accommodant, et les choses pourraient encore s’arranger.

Peter héla la première voile qui parut. Les marins employés au gouvernail ne daignèrent seulement pas le regarder. Trois baquets sur lames de fer arrivaient en courant, mais ils étaient au grand complet. Puis un petit bateau-traîneau tentant à l’excès passa en sifflant comme une flèche. Les jeunes gens n’eurent que le temps d’y jeter un regard anxieux. Déjà il disparaissait. Complètement découragés, ils résolurent de soutenir Jacob de leurs bras solides pour l’aider à gagner le prochain village.

À ce moment même, un bateau-traîneau de la plus chétive apparence, arrivait en vue. Peter le héla sans grand espoir de succès, ôta son chapeau et le fit tourner en l’air.

La voile s’abaissa, le bruit strident du tourniquet d’arrêt se fit entendre et une voix agréable qui partait du pont demanda :

« Qu’y a t-il pour votre service ?

— Pouvez-vous nous prendre à bord ? dit Peter se hâtant d’accourir avec ses compagnons, car le bateau stoppait à quelque distance en avant.

— Nous vous payerons bien le passage, cria Karl.

— Combien êtes-vous ?

— Six.

— Bien, bien, « dit le patron, » c’est le jour de Saint-Nicolas,