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Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/191

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— C’est mon frère et le vôtre aussi, Karl Schummel, répondit Peter en le regardant dans les yeux ; qui peut dire ce que nous serions devenus si nous avions été pauvres et mal élevés. On nous a capitonnés contre le vice depuis le jour de notre naissance. Un heureux intérieur et de bons parents auraient peut-être fait de cet homme un tout autre individu. Dieu veuille que la loi puisse l’amender sans l’écraser !

— Amen de tout mon cœur, dirent Ben, Lambert, Poot et Ludwig. C’est bien parlé, Peter, après avoir bravement agi.

— Hum ! dit Karl, il est sans doute très-beau de pardonner chrétiennement, même à des engeances pareilles. Mais je suis naturellement dur. Toutes ces belles idées rebondissent sur moi comme la grêle. Cela ne regarde personne, d’ailleurs, si je suis fait ainsi.

— Vous êtes moins dur qu’il vous plaît de le croire, dit le bon Poot. La vie vous apprendra qu’on a assez de défauts naturels, sans faire parade de ceux qu’on n’a pas. Où vous vous trompez, Karl, c’est quand vous prenez l’aigreur pour la force, et l’entêtement pour le caractère. Si on prenait au sérieux les apparences que vous vous donnez, vous n’auriez pas un camarade, Karl, et vous voyez que vous en avez encore quelques-uns. »

Karl démonté ne répondit pas.

« Mes amis, dit Peter, j’ai à courir ici surtout après le docteur Boekman, et cette fois je suis résolu à ne pas en avoir le démenti. Pendant que je poursuivrai ma recherche, vous promènerez Ben dans Leyde. Vous verrez, une ville curieuse, Ben. C’est la ville classique de la philosophie et de l’érudition. On n’a guère à reprocher à son université que d’être un peu trop routinière : c’est elle qui a condamné la philosophie de Descartes comme coupable d’innovation contre celle d’Aristote. Leyde est la patrie