des Elzévir, rivaux des Estienne et des Manuce. Leurs livres admirables…
— Imprimés sur caractères et sur papier français, dit Ben. Suum cuique.
— Ce Ben sait donc tout, dit Peter. Il connaît théoriquement notre pays mieux que nous-mêmes. Savez-vous, Ben, que vous faites honneur à vos maîtres anglais ? »
Ben s’inclina modestement et Peter reprit :
« Leyde a soutenu le plus rude des sièges après Haarlem, et c’était contre les Espagnols.
— Il est un Espagnol célèbre, dit Ben, qui a manqué à tous ses devoirs, car il n’est pas probable qu’il se soit trouvé à ce siège. Quelle occasion pourtant pour Don Quichotte s’il avait pu se rencontrer tout à coup face à face avec toute cette armée de moulins à vent, qui fait de Leyde la ville la plus éventée du monde.
— Il ne manquerait plus à ce Ben que de savoir le compte des moulins de Leyde.
— Il le sait, Lambert, répartit Ben aussitôt : quatre-vingt-dix-huit !! Mais il ne les a pas comptés. Croyez-vous donc, Lambert, qu’un Anglais vienne dans un pays aussi curieux que le vôtre, sans avoir fait sa provision de savoir dans les guides du voyageur en Hollande ? C’est dans un de ces moulins à vent qu’est né Rembrandt ; Gérard Dow, Metzu, Miéris ont Leyde pour patrie ; Boerhaave, Jean de Leyde…
— Assez ! assez ! s’écrièrent-ils tous et tout d’une voix. Quelle mémoire !
— D’accord, dit Ben, mais, puisque Peter est obligé de nous quitter et que je suis à Leyde, il me semble que l’occasion est bonne de le connaître autrement que par les livres ; et vous seriez bien aimables si vous vouliez m’y aider.
— Nous sommes très-aimables, s’écrièrent tous les