Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Peter s’attarda un instant à la porte. Sa sœur et lui avaient à se faire sans doute quelques recommandations de famille.

Comme Ben les regardait prendre congé l’un de l’autre, il remarqua que le bon baiser anglais que sa sœur Jenny lui avait donné au départ avait exactement le même son que le baiser hollandais de la sœur de Peter.

Karl, Poot et Lambert étaient déjà sur le canal, heureux de se retrouver encore une fois sur leurs patins. Ils étaient si impatients de s’élancer tout de suite vers leur cher Broek, qu’ils maugréaient contre la lenteur du capitaine.

Quand Peter arriva, ce ne fut qu’un cri contre lui.

« Nous pensions, lui dirent-ils, que grâce à vous, nous n’arriverions pas à Broek avant la fin de l’année. »

C’était sinon de l’insurrection, au moins de l’insubordination.

« Dites donc, leur répondit Peter, si vous croyez qu’il soit si agréable d’être le chef d’une bande aussi indisciplinée, détrompez-vous. Je suis prêt à déposer le commandement et à rentrer dans les rangs. – Allons, Karl, cela vous va-t-il ? Je vais vous remettre mes insignes. »

Karl qui était très-sensible à tout ce qui pouvait satisfaire sa vanité ne disait pas non.

Mais un hurrah s’éleva contre la proposition de Peter, que nous nous permettrons de traduire ainsi :

« Plus souvent que nous allons changer notre cheval borgne pour un aveugle. »

Voyant que la sédition était apaisée, Peter, qui cette fois n’avait pas perdu son temps et qui venait de finir de boucler ses patins, se releva vivement :

« La route est libre. Figurez-vous que c’est le jour de la grande course, en avant : le vrai capitaine sera celui qui arrivera le premier. »

On échangea très-peu de paroles pendant la première