Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/206

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on ne meurt pas d’un mauvais calembour. Est-ce Lambert, qui sait toutes les langues, qui vous a appris ce français-là ? »

Avant que Karl eût trouvé la riposte, Ludwig, très-excité, se mit à battre des mains.

« Les voilà au tournant, on les voit très-bien. Dites vous-même, Karl, qui est le premier ?

— Vive le capitaine », firent Lambert et Jacob Poot.

Karl eut assez de condescendance pour murmurer :

« C’est Peter, après tout. Mais Ben avait été en tête tout le temps. »

L’endroit où le canal faisait un coude était évidemment le but que s’étaient proposé les deux jeunes gens, car ils s’arrêtèrent subitement après l’avoir atteint.

Devant le fait accompli, le groupe des retardataires ne disait plus rien. Chacun s’était remis à patiner pour rejoindre les deux lutteurs.

Ils trouvèrent, en se rapprochant, Ben qui regardait Peter avec un mélange de vexation, de surprise et d’admiration.

Ils l’entendirent dire en anglais :

« Vous êtes un véritable oiseau des glaces, Peter Van Holp, et le premier qui m’ait jamais battu à la course, je vous assure ! »

Peter qui comprenait l’anglais, mais qui ne le parlait pas, fit un salut de remerciement à Ben en entendant ce compliment, mais il ne put y répondre autrement. Il est possible aussi qu’il fût au bout de sa respiration.

« Cousin Ben, dit Poot, vous vous ferez du mal, vous êtes rouge comme une brique sortant du four.

— Ne craignez rien, répondit Ben, cet air glacé me rafraîchira bientôt. Je ne suis pas fatigué.

— Vous êtes battu, néanmoins, mon cher Ben, dit Lambert en anglais, et bien battu encore. Je me demande comment cela se passera au jour de la grande course. »