Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/207

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Ben rougit et dit d’un air d’orgueilleux défi :

« Ceci n’était qu’un passe-temps. Au jour de la course nous verrons. Je vous préviens que je suis décidé à vaincre, n’importe à quel prix !

— C’est le but de toute course, dit Peter. Vous aurez raison de faire de votre mieux. Nous en ferons tout autant. N’est-ce pas, Karl ?

— Je le crois bien ! dit Karl. »

Quand les jeunes gens atteignirent le village de Voorburg, situé sur le grand canal, à mi-chemin de La Haye et de Haarlem, ils furent forcés de s’arrêter pour tenir conseil. Le vent qui soufflait d’abord modérément était devenu si fort qu’il leur était impossible d’avancer. Les girouettes du pays conspiraient évidemment contre eux.

« On ne lutte pas avec une tempête semblable, dit Ludwig. Le vent vous entre dans la gorge comme des lames de rasoir.

— Fermez la bouche, alors, grommela l’aimable Karl, dont la poitrine était solide comme celle d’un jeune bœuf. Je suis d’avis que l’on continue.

— Il faut consulter les plus faibles et non les plus forts, fit Peter. »

Les principes du capitaine étaient d’une justice parfaite, mais nullement du goût de maître Ludwig, qui, levant les épaules, répliqua :

« Faible ? Personne n’est faible ici. Mais ce n’est pas être faible que de constater qu’un tel vent est plus fort que nous tous.

— Ludwig a raison », dit Lambert.

Il avait à peine fini de parler que le grain se précipita, faisant reculer l’invincible poitrine de Karl, étranglant à peu de chose près Jacob Poot et renversant positivement Ludwig.

« Ceci décide la question, cria Peter. Ôtez les patins, et en route pour Voorburg. »