Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/208

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Nos écoliers trouvèrent dans l’auberge de ce village une grande cour abritée contre le vent, bien pavée de briques, et, ce qui valait mieux encore, pourvue d’un assortiment complet de quilles, si bien qu’ils firent de leur détention momentanée une véritable partie de plaisir. En attendant le repas que l’hôtelier leur préparait, ils firent une partie formidable, dans laquelle Poot se couvrit de gloire. Armé de boules grosses comme la tête, qu’il maniait comme des balles élastiques, il mit constamment en déroute le régiment de quilles grosses comme le bras, lesquelles, dans ce champ clos de soixante mètres, les autres ne parvenaient pas toujours à atteindre. Le bon Poot était un vainqueur modeste ; montrant ses gros bras musculeux :

« Avec des bras comme ceux-là, disait-il quand on faisait fête à quelque beau coup, ça n’est pas difficile. »

Cette nuit-là le capitaine Peter et ses hommes dormirent profondément. Aucun voleur n’interrompit leur sommeil. Comme on les avait casés chacun dans des chambres séparées, ils n’eurent même pas la ressource de la bataille à coups de traversin.

Mais au réveil, quel déjeuner ils firent ! L’hôte en était stupéfait ! Quand il apprit qu’ils étaient de Broek, il en conçut une estime singulière pour le pays.

Heureusement que le vent, lassé par sa propre violence, s’était couché et endormi dans son grand berceau, la mer, de l’autre côté des dunes. Le temps semblait être à la neige ; cependant il faisait beau.

Ce fut un jeu pour nos jeunes gens bien reposés de patiner jusqu’à Leyde. Ils s’y arrêtèrent un peu. Peter quitta la ville, le cœur plus léger, et au regret d’avoir mal préjugé du docteur Boekman. Le maître d’hôtel du Grand-Aigle lui apprit que le célèbre praticien était venu, qu’il avait lu sa lettre et celle qui contenait la prière de Hans,