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Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/227

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déjà ! Je pense, Gretel, que le docteur Boekman vous laissera entrer maintenant. Oui, oui, je le crois. Est-ce que votre père a été plus malade ?

— Ah ! mademoiselle ! fit Gretel qui se mit à pleurer, il y a deux docteurs avec lui en ce moment ; ils ont des couteaux. La mère les attendait, elle a à peine prononcé une parole aujourd’hui, tant elle avait peur. L’entendez-vous gémir, mademoiselle Hilda ? ajouta-t-elle saisie d’une terreur soudaine. L’air bourdonne si fort que je ne distingue rien. Père est peut-être mort ! Ah ! que je voudrais être sûre que c’est encore lui qu’on entend ! »

Hilda écouta. La cabane était tout proche, mais pas le moindre son ne s’en échappait. Quelque chose lui disait que Gretel avait raison de tout craindre. Elle courut à la fenêtre.

« Vous ne verrez rien de là, mademoiselle, dit Gretel en sanglotant ; la mère a suspendu des papiers huilés devant les carreaux, mais de l’autre côté le papier est un peu déchiré, et vous pourrez voir, si vous osez regarder. »

Hilda tourna autour de la cabane ; elle vit que le toit abaissé était tout frangé par le chaume en mauvais état.

Au moment de regarder, une pensée soudaine l’arrêta.

« Je n’ai pas le droit, se dit-elle à elle-même, de regarder ainsi dans la maison qui ne m’est point ouverte. » Appelant doucement Gretel, elle lui dit tout bas : « Il vaut mieux que vous regardiez, Gretel ; vous verrez plus vite qu’il dort, qu’il dort seulement peut-être. »

Gretel essaya de marcher vitement en se dirigeant vers le carreau, mais ses jambes flageolaient. Hilda courut à elle et la soutint.

« Le froid vous a gagnée, vous êtes malade aussi, j’en ai peur, dit-elle avec bonté.

— Non, pas malade, mademoiselle, mais j’ai si mal là, – elle mettait sa petite main sur son cœur –, si mal que