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Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/228

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je ne puis pleurer, et je voudrais pleurer encore. Oh ! que mes yeux sont secs ! »

Ceux de Hilda ne l’étaient pas. Une lueur qui passa à travers les carreaux montra tout à coup à Gretel le visage de Hilda baigné de larmes.

« Ah ! mademoiselle ! s’écria la petite. Mademoiselle Hilda, vous pleurez sur nous ! Si Dieu vous voit ! Oh ! j’en suis sûre à présent, le père guérira. »

Et la petite créature, tout en essayant de regarder à travers les carreaux, baisa et rebaisa la main de Hilda.

Le store était en bien mauvais état, tout rapiécé ; un grand morceau de papier déchiré pendait du milieu. Gretel pressa fiévreusement son visage contre la vitre.

« Voyez-vous quelque chose ? murmura Hilda.

— Oui. Le père ne bouge pas ; sa tête est entourée de linges et leurs yeux à tous sont fixés sur lui. Mademoiselle ! » s’écria Gretel en se rejetant en arrière. Puis lançant ses sabots hors de ses pieds : « À présent, tout de suite, il faut que j’aille trouver ma mère. Voulez-vous entrer avec moi ? »

Hilda hésita. Mais elle ne crut pas devoir faire ce que désirait Gretel.

Elle prit la tête de la petite dans ses deux mains, l’embrassa comme une sœur l’eût embrassée, oui, aussi tendrement, et lui dit :

« Je crois que je ne dois pas entrer, Gretel, pas en ce moment… Mais bientôt, bientôt je reviendrai. »

La cloche sonnait.

« À bientôt, » dit Hilda une fois encore.

Et elle s’éloigna.

Gretel se rappela longtemps le sourire plein d’une angélique pitié qui éclaira le visage de Hilda au moment où elle lui avait dit pour la dernière fois : « À bientôt. »

Une ombre n’aurait pas pu entrer plus doucement dans