Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/233

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osait à peine respirer. Cependant les yeux de Brinker s’ouvrirent petit à petit, puis ses lèvres. Il allait parler.

« Doucement, doucement, dit une voix qui résonna étrangement aux oreilles de Gretel. Relevez un peu ce mât, camarades ! Maintenant jetez la terre. Les eaux montent vite. Pas de temps à… »

Dame Brinker s’élança en avant comme une panthère, saisit les mains de son mari et se penchant vers lui, lui cria :

« Raff ! Raff ! mon ami, parlez-moi.

— Est-ce vous, Meitje ? demanda-t-il d’une voix faible. Que m’est-il arrivé ? Il me semble que j’ai été blessé et que j’ai dormi. Où est le petit Hans ?

— Me voici, père, cria Hans, à moitié fou de joie. »

Mais le docteur le retint.

« Il se rappelle, il nous reconnaît ! s’écria dame Brinker. Grand Dieu ! Il nous reconnaît enfin ! Gretel, Gretel, venez voir votre père ! »

En vain le docteur ordonna de faire silence et s’efforça de les éloigner, ce fut impossible.

Hans et sa mère étaient penchés sur le lit du malade, si nouvellement réveillé à la vie. Gretel ne disait rien, elle se retenait de respirer, mais elle voyait ; mais de ses yeux tout grands ouverts, coulaient de grosses larmes silencieuses. Son père parlait d’une voix si faible. Qui donc aurait été rompre le silence si nécessaire pour qu’on pût l’entendre ?

« Est-ce que le kindje dort, Meitje ?

— Le kindje, répéta dame Brinker. Oh ! Gretel, c’est de vous qu’il parle ! Son second mot est pour le second de ses enfants, car son garçon, il l’appelait le petit Hans ! Dix ans endormi ! Oh ! mynheer, vous nous avez sauvés tous. Il y avait dix ans qu’il ne connaissait plus rien. Enfants, pourquoi ne remerciez-vous pas le docteur ? »