Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/234

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La bonne femme était folle de joie. Le docteur ne répondit pas, mais ses yeux allèrent au-devant des siens, et du doigt il lui montra le ciel ! Quelle noble tête il avait dans ce moment-là, le rude docteur Boekman. Il était transfiguré. Dame Brinker, Hans, Gretel et son assistant lui-même regardaient son grave et beau visage attendri comme on regarderait celui d’un saint du paradis.

Ils s’agenouillèrent tous autour du lit. Dame Brinker, tout en priant, avait pris la main de son mari. La tête du docteur était baissée sur sa poitrine dans l’attitude du recueillement.

« Pourquoi êtes-vous tous en prières ? murmura le père. Est-ce donc le jour du Seigneur ? »

Oh ! oui, c’était le jour du Seigneur !

La femme fit un signe de tête affirmatif. Elle ne pouvait parler.

« Il faudrait alors nous lire un chapitre, dit Raff Brinker qui parlait lentement et avec difficulté ! Je ne sais pas comment cela se fait, mais je me sens… je me sens bien faible. »

Gretel atteignit sa grosse bible sur sa planche sculptée. Le docteur prit le livre de ses mains et le passant à son élève :

« Lisez, murmura-t-il, il faut calmer ces pauvres gens, ou l’homme mourra. »

Lorsque le chapitre fut terminé, dame Brinker fit un signe mystérieux à l’effet d’apprendre à tout le monde que son mari dormait.

« Maintenant, dame Brinker, dit le docteur à voix basse, tout en remettant ses grosses mitaines de laine, il lui faut un repos absolu ; je dis absolu, vous comprenez ? Je reviendrai demain. Ne donnez pas à manger au malade aujourd’hui. »

Et, saluant vivement, il quitta la chaumière, suivi de son élève.