Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/235

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Son superbe carrosse n’était pas loin ; le cocher n’avait cessé de faire marcher doucement les chevaux, du haut en bas du canal, pendant tout le temps que le docteur était resté dans la cabane.

Hans sortit aussi.

« Que Dieu vous bénisse, mynheer, lui dit-il tremblant et rougissant. Je ne pourrai jamais reconnaître assez un tel service, mais si…

— Si, vous le pouvez, mon enfant, répliqua le docteur d’un air de mauvaise humeur, aiguisez un peu votre esprit pour le moment où le malade se réveillera. Toutes ces émotions seraient capables de tuer un homme bien portant ; que doit-ce être pour celui qui est encore sur le bord de la tombe ! Si vous voulez que votre père en réchappe, obtenez de votre mère, de votre sœur qu’elles ne fassent rien pour l’agiter, rien pour remuer vivement son cœur ni son esprit. »

Après avoir ainsi parlé, le docteur tourna le dos à Hans, sans ajouter une seule parole et se dirigea vers sa voiture, laissant Hans planté là, yeux et bouche grands ouverts, n’ayant qu’une seule pensée en tête : « Je n’ai pas su le remercier. »

Hilda fut sévèrement réprimandée ce jour-là pour être arrivée à la classe longtemps après que la cloche avait sonné. Il faut dire qu’après avoir vu entrer Gretel dans la cabane elle n’avait pas eu la force de s’en aller sans savoir si les choses avaient bien ou mal tourné pour ceux qui l’habitaient. Elle était restée tout auprès jusqu’à ce qu’elle eût entendu Hans s’écrier : « Me voici, père ! » Alors seulement elle était retournée à ses leçons et n’avait pu les réciter. Comment aurait-elle pu dire par cœur un long verbe latin, alors que ce cœur était tout entier à cette pensée unique : « Les braves gens, je crois qu’ils sont sauvés. »