Aller au contenu

Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les épaules et en souriant d’un air de dédain, paraissaient aujourd’hui extrêmement familiers avec son histoire. Il n’y avait pas de fin aux étranges versions qui circulaient sur ce sujet.

Hilda, dans l’excitation du moment, s’était arrêtée un instant pour échanger quelques mots avec le cocher du docteur, pendant qu’il était près de ses chevaux, battant la semelle et se donnant des coups de poings dans la poitrine pour se réchauffer. Son cœur affectueux débordait. Elle ne put s’empêcher de dire à cet homme grelottant et à l’air fatigué, que le docteur ne tarderait pas à sortir : elle lui donna même à entendre qu’elle croyait – elle ne faisait que croire – qu’il avait accompli une cure merveilleuse : rendre l’esprit à un homme qui depuis dix ans l’avait perdu ! Elle en était même sûre, puisque l’homme était aussi vivant que n’importe qui, et peut-être – qu’en savait-on – assis et causant comme un avocat.

Tout cela était très-indiscret. Hilda le sentait sans pouvoir s’en repentir.

C’est une délicieuse chose que d’avoir à répandre de bonnes et surprenantes nouvelles ! Il en est tant qui préféreraient semer de mauvais bruits.

La jeune fille trottait le long du canal, bien décidée à se rendre de nouveau coupable de ce péché « ad infinitum », et de raconter son histoire à tous les garçons et à toutes les filles de l’école.

En même temps, un personnage inévitable dans ces sortes d’aventures – celui-ci s’appelait Janzoon Kolp – arrivait sur les lieux, tout en patinant. En moins de deux secondes, il s’était campé en face du cocher qui rassemblait les rênes, tout en grondant ses chevaux.

Janzoon l’accosta :

« Dites donc ? Qu’est-ce qui se passe dans la cabane de l’idiot ? Est-ce que vot’ patron y est ? »