Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/264

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chez nous, que c’est lui qui a tué la cigogne sur le toit de votre mère. Mais je ne sais pas pourquoi nous parlons tant d’un si méchant garçon. Vraiment, Hans, je connais quelqu’un qui serait très-content d’avoir vos patins. Je vous en prie, cédez-les moi, je vous porterai l’argent cette après-midi. »

Si Annie était charmante, même lorsqu’elle disait « Je déteste », il n’y avait pas moyen de lui résister lorsqu’elle disait : « je vous en prie ». Du moins c’était l’avis de Hans.

« Annie, dit-il en ôtant ses patins et les essuyant soigneusement avant de les lui présenter, je suis fâché de me montrer si pressé, mais si, par hasard, votre ami ne s’en arrangeait pas aujourd’hui même, je vous demanderais de ne pas manquer de me les rapporter aussitôt.

— Oh, mon ami en aura besoin, répliqua Annie en riant, je sais qu’il en cherchait une belle paire. »

Et lui faisant un joyeux signe de tête, elle s’éloigna de toute sa vitesse, emportant les patins de Hans.

Comme Hans tirait les patins de bois de sa grande poche et les attachait du mieux qu’il pouvait, il n’entendit pas Annie qui murmurait :

« Je voudrais bien n’avoir pas été si brusque. Pauvre et brave Hans ! Quel noble et digne garçon cela fait ? »

Et comme Annie patinait vivement vers sa maison, elle ne put entendre Hans dire de son côté :

« J’ai parlé à Annie comme un ours. Mais Dieu la bénisse ! Il y a des jeunes filles qui ressemblent à des anges ! »

Rien de tout cela n’empêche que les choses s’étaient passées pour le mieux.

Le luxe a ce mauvais côté qu’il nous déshabitue d’endurer les privations dont nous nous apercevions à peine