Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/266

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était pressé alors ; mais aujourd’hui on avait plus de monde qu’il n’en fallait. Hans aurait voulu qu’ils vissent pour un moment seulement sa mère et Gretel. Il ignorait que l’anxiété des deux femmes se reflétait sur son propre visage, et que les refus les plus brusques qu’il avait essuyés avaient été prononcés avec un sentiment de malaise causé précisément par la pensée que ce pauvre garçon, qu’on était obligé de refuser, aurait eu, plus qu’un autre, besoin de n’être pas renvoyé ainsi. Certains pères, en retournant chez eux le soir, parlèrent plus doucement à leurs enfants, car ils se rappelaient un jeune visage plein de franchise que leur langage avait attristé, et l’un d’eux même avait, en rentrant dans son bureau, ordonné à son premier commis de trouver de l’ouvrage le lendemain à ce garçon de Broek, s’il se représentait.

Mais Hans ignorait tout cela. Vers le coucher du soleil, il reprit le chemin de son village, ne pouvant dire au juste si cette étrange sensation d’étranglement qu’il éprouvait à la gorge provenait du découragement ou de la ferme résolution, dans laquelle il persistait, de ne cesser ses recherches que quand il aurait trouvé un emploi.

Il lui restait certainement encore une chance à tenter. Mynheer Van Holp, le père de Peter, était peut-être de retour. Sans doute, Hans avait entendu dire que Peter était parti la veille même pour Haarlem, afin d’assister à une réunion qui devait mettre la dernière main à l’organisation de la grande course à patins ; c’était fâcheux, mieux eût valu que Peter ne fût pas absent, mais puisqu’il lui avait promis de le recommander à son père, Hans lui devait de faire honneur à sa recommandation et de se présenter à mynheer Van Holp. Ce que Hans ignorait, c’est que Peter était heureusement revenu de bonne heure le matin. Il se trouvait chez lui lorsque le frère de Gretel y arriva, et se disposait à aller chez les Brinker.