Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Raff ferma les yeux, mais sans dormir, et elle se hâta de raviver le feu. La tourbe hollandaise est comme le naturel du pays, lente à s’allumer, mais flambant bien une fois qu’elle est en train. Mettant alors son rouet de côté, dame Brinker sortit son tricot de sa poche et s’assit près du lit.

« Si vous pouviez vous rappeler le nom du père de cet homme, Raff, dit-elle prudemment, j’irais lui porter cette montre pendant que vous dormez. Gretel ne peut tarder à rentrer. »

Raff essaya de rassembler ses idées, mais ne put en venir à bout.

« Ce ne serait pas Boomphoffen, par hasard, suggéra la bonne femme ; j’ai entendu dire qu’ils ont mal tourné : Gérard et Lambert, vous savez.

— Peut-être bien, dit Raff ; regardez s’il y a des lettres sur la montre, cela nous guidera.

— Dieu te bénisse, mon homme, cria l’heureuse femme en élevant vivement la montre jusqu’à portée de sa vue. Tu es plus avisé que nous tous. Il y a des lettres : L. J. B. Cela doit signifier Lambert Boomphoffen, vous pouvez en être sûr. Je ne puis dire ce que le J fait là, mais c’étaient des gens riches, d’aussi haute volée que les faisans, et de ceux qui devaient donner des noms doubles à leurs enfants, ce qui, par parenthèse, n’est pas conforme aux saintes Écritures.

— Qui vous a fait croire cela, Mietje ? Il me semble, au contraire, qu’il y a dans la sainte Bible des noms très-longs et presque impossibles à retenir ; mais cela n’y fait rien, ajouta Raff, dont la lassitude appesantissait les paupières, vous porterez la montre, vous porterez la montre… vous essayerez de la porter… vous ferez… de votre mieux… »

Le sommeil plus que la maladie troublait ses idées. La bonne Mietje s’en aperçut.