Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/297

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— Ne parlons pas d’argent, dit le docteur avec bonté, et gardez vos florins pour vous ; vous en avez plus besoin que moi, mes amis. On me paye souvent en cette monnaie, mais en reconnaissance, c’est plus rare, et c’est cependant le prix que je préfère. Le « merci » de ce garçon – il indiquait Hans d’un signe de tête – m’a assez payé.

— Peut-être que vous avez un fils aussi, » fit dame Brinker ravie de voir le grand homme se montrer si cordial.

La bonne humeur du docteur s’évanouit en un instant. Gretel a raconté depuis qu’elle avait cru voir un épais nuage couvrir tout d’un coup ses traits. Mais il ne répondit pas.

Brinker voulant venir au secours de sa femme :

« Ne croyez pas, lui dit-il, que la femme ait voulu se mêler de ce qui ne la regardait pas ; oh ! non. Mais, quand vous êtes entré, elle était très-préoccupée de ce qu’avait pu devenir un jeune homme qu’une circonstance malheureuse a séparé de sa famille, qui n’est plus là, lui, ni peut-être nulle part ailleurs sur cette terre, et dont les parents ont quitté le pays pour aller on ne sait où, ce qui est bien fâcheux, car j’aurais quelque chose à leur remettre de la part de leur fils.

— Ils s’appellent Boomphoffen, dit vivement la dame. Connaissez-vous cette famille, mynheer ? »

La réponse du docteur fut brève et rude.

« Oui, des gens désagréables. Ils sont partis pour l’Amérique.

— Peut-être, Raff, fit la dame en insistant timidement, peut-être le docteur connaît-il quelqu’un dans ce pays, quoiqu’on m’ait dit que ce sont presque des sauvages ; s’il pouvait faire parvenir la montre aux Boomphoffen, avec le dernier message de leur pauvre garçon, ce serait une bien bonne action.

— Ne soyons pas indiscrets, femme. Pourquoi ennuyer