Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/52

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« Ils n’oseraient pas dire une chose pareille, mère !… S’ils le faisaient, je…. »

Il ferma les poings et sembla penser que le reste de sa phrase était trop terrible pour qu’il pût le prononcer en présence de sa mère.

Dame Brinker sourit d’orgueil à travers ses larmes à cette interruption.

« Ah ! Hans, tu es vraiment un brave garçon. Nous ne nous séparerons jamais de la montre. Le cher père pourrait se réveiller à l’heure de la mort et nous la redemander.

— Pourrait se réveiller, mère ! répéta Hans comme un écho, se réveiller et nous reconnaître !

— Ah ! garçon, dit la mère presque bas, on a vu de ces choses-là. »

Hans en était presque arrivé à oublier le voyage projeté à Amsterdam. Sa mère lui ayant rarement parlé d’une manière aussi intime, il se sentait devenu maintenant non-seulement son fils, mais son ami et son conseiller.

« Vous avez raison, mère, il ne faudra jamais nous séparer de la montre. Nous la garderons toujours pour l’amour du père. L’argent peut nous revenir cependant, au moment où nous y penserons le moins.

— Jamais ! s’écria dame Brinker, enlevant d’un mouvement brusque la dernière maille de son aiguille, et laissant tomber sur ses genoux le tricot inachevé, il n’y a pas d’espoir ! mille écus ! toute notre épargne disparue en un jour ! mille écus !… Votre éducation, votre avenir, mes enfants, notre bien-être à tous…. Que sont-ils devenus, mon Dieu ? S’ils avaient été dérobés, bien sûr le voleur l’aurait déjà confessé à son lit de mort ; il n’aurait jamais osé mourir avec un tel péché sur la conscience.