Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/66

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le tintement de l’argent qu’il tenait dans sa main lui répondre jusqu’au bout des doigts. Le vieux docteur avait l’air effroyablement refrogné. Le cœur de Hans lui sauta dans la gorge, mais il trouva assez de force pour crier :

« Mynheer Boekman ! »

Le grand homme s’arrêta, et, poussant sa mince lèvre inférieure jusqu’à ce qu’elle dépassât de beaucoup l’autre, il regarda autour de lui en fronçant le sourcil.

Il n’y avait pas à reculer.

« Mynheer, balbutia Hans en se rapprochant du terrible docteur, je savais bien que vous ne pouviez être autre que le fameux Boekman. J’ai une grande faveur à vous demander.

— Hum ! marmotta le docteur, se disposant à continuer son chemin. Place, je n’ai pas d’argent. Je ne donne jamais aux mendiants.

— Je ne demande pas l’aumône, mynheer, répondit Hans fièrement, montrant en même temps son obole, d’un geste superbe. Je voudrais vous consulter pour mon cher père. Il est vivant et reste immobile comme un mort. Il ne peut plus penser. Ses paroles n’ont plus de sens, mais il n’est pas malade. Il est tombé un jour, se sacrifiant pour le salut des autres, à bas des digues.

— Hein ? Quoi ? parle clairement, » s’écria le docteur qui commençait à écouter.

Hans raconta toute l’histoire, d’une manière peut-être incohérente, car il essuyait une larme de temps en temps pendant qu’il parlait, et finit par dire à la fin, d’un ton suppliant :

« Oh ! voyez-le, mynheer, voyez-le ! Son corps est sain, c’est seulement son esprit… Je sais bien que cet argent ne suffit pas, mais prenez-le toujours, j’en gagnerai davantage – je suis sûr de cela. – Oh ! je travaillerai pour