Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/90

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pourraient servir de modèles de démonstration pour les écoles scientifiques de tout autre pays. Il n’est machine, engin utile, bateaux, traîneaux, appareils d’usine qui ne deviennent joujou dans ce pays où tout a son côté pratique. L’enfant se familiarise ainsi, sans s’en douter, avec la plupart des choses qui, plus tard, seront les instruments de son travail ou de sa fortune. Ben pensait à son petit frère. Il aurait voulu lui rapporter en Angleterre un spécimen de chacune de ces réductions de grandes choses. Mais le moyen ? Les jeunes voyageurs, avec une prudence toute hollandaise, avaient décidé avant de partir qu’on n’emporterait en fait d’argent que la somme absolument nécessaire à chacun pour défrayer les dépenses de la route. Il avait été, de plus, entendu que cette somme serait la même pour tous, de façon qu’aucun des membres de la communauté n’eût à souffrir de l’inégalité de fortune pendant toute la durée de l’expédition. En outre et comme dernière garantie, le capitaine Peter avait été chargé de la bourse. Comme aucune dépense ne pouvait être faite que par ses mains, force fut donc au bon Ben de se contenter de penser platoniquement à son pauvre petit frère.

Par courtoisie pour l’étranger Ben, la gaie caravane avait traversé le plus curieux quartier de la ville, le quartier des juifs ; je dis curieux, mais non le plus beau, ni surtout le plus propre. C’est dans ce quartier qu’habitent les célèbres lapidaires d’Amsterdam, et ces ouvriers habiles et probes qui manient des millions pour un salaire relativement peu élevé. Ben aurait bien voulu s’arrêter dans un de ces ateliers ; il fut obligé comme pour le reste de s’en tenir aux renseignements que la complaisance de Lambert lui fournit sur ce sujet comme sur le reste. C’est ainsi qu’il apprit qu’au début de cette industrie de la taille et de la vente du diamant (qui atteint aujourd’hui à un chiffre annuel de