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Page:Doesburg - Classique-Baroque-Moderne, 1921.djvu/24

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encore passée. Aujourd’hui encore l’on peut constater l’influence du baroque à nos orgues de Barbarie, aux baraques foraines, aux salles-de-théâtre et aux réverbères. Dans tous les pays il fut tenu soigneusement en honneur à la Cour et il s’étend du palais au beuglant. Le baroque était un vaste grenier où tout artiste pouvait fouiller à sa guise. On ne savait pas mieux car c’était avec lui qu’on était élevé. Dans toutes les écoles et académies les motifs du baroque étaient prônés comme modèles. Rompre avec la tradition, c’était rompre avec l’art même. Et pourtant, il fallait en finir un jour avec cette imitation servile et abrutissante d’un art vermoulu.

Il est intéressant de constater que c’est précisément dans le pays où le goût du baroque s’était largement répandu, c’est-à-dire en France, que la réaction commença. Quant à l’architecture, ce furent surtout Labrouste et Viollet Le Duc, qui réagirent consciemment et montrèrent que toutes ces imitations n’avaient rien à faire avec l’art et que la structure d’une maison doit être libre de toute convention et résulter de la nature de ses nécessités constructives.

Dans la peinture ce furent Courbet et Édouard Manet qui combattirent à l’aide d’un art froid et sain le goût artistique efféminé de leur temps. Ils opposèrent de nouveaux motifs empruntés à la vie journalière aux motifs classiques et baroques. C’est par là qu’apparait une nouvelle tendance à l’équilibre entre la vie intérieure et l’aspect extérieur des choses, entre l’essence et l’apparence. À mesure que l’esprit moderne saisissait la signification d’une beauté désintéressée, il cultiva l’œuvre d’art pour l’œuvre d’art sous la devise : l’art pour l’art.