Page:Dolomieu - Mémoire sur les tremblemens de terre de la Calabre.djvu/20

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pide, leur ſommet eſt décharné, & l’accez de pluſieurs eſt impraticable. Elles ont cet aſpect de vielleſſe, & de dégradation, que l’on obſerve dans toutes les montagnes du même genre. Sur le prolongement de leur baſe, ſe ſont établis ſucceſſivement, comme par dépôt & ſur une très grande épaiſſeur, des couches de ſable quartzeux, de galets, d’argille griſe & blanchatre, & de grains de feldſpath & de mica provenants de la décompoſition des granits. Le tout eſt mêlé de coquilles & de fragmens de corps marins. Cet amas de matières, qui n’ont point de liaiſons entr’elles & qui ſont ſans conſiſtance, paroit être un dépôt de la mer, qui pouſsée par les vents d’Oueſt a entaſsé au pied de ces montagnes, contre les quelles elle venoit batre dans un tems fort anterieur a l’état actuel des choſes, les détritus des ſommets ſuperieurs & les corps que ſon mouvement de fluctuation lui faiſoit apporter de fort loin.

Ce dépôt, d’abord horiſontal, du Nord au Sud & incliné de l’eſt a l’Oueſt, comme il le paroit par la direction des couches, a été enſuite modelé, ſoit par les courans de la mer elle même, ſoit par les dégradations des torrens ſuperieurs, & il a formé cette ſuite de collines, de vallées & de plaines, qui ſurbaiſsées les unes au deſſous des autreſ, vont ſe terminer par une plage baſſe ſur le bord de la mer. Les progrès & les dépouilles de la végétation, & d’autres cauſes que je ne connois pas, ont établi ſur cette baſe mobile, une couche de terre végétale, argileuſe, noire ou rougeatre, très forte, très tenace, & qui a depuis deux juſqu’a quatre & cinq pieds d’épaiſſeur. Cette eſpéce d’écorce donne un

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