Page:Dolomieu - Mémoire sur les tremblemens de terre de la Calabre.djvu/31

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Il réſulte de cette examen général, que la Calabre a, preſque partout, le granit pour fondement : que c’eſt, ſous cette baſe, qui paroit inébranlable, qu’étoit le foyer des tremblemens de terre 31.1 ; ou au moins, que c’eſt deſſous ces matieres ſolides, qu’ont agi les forces, qui ont occaſioné les grands ébranlemens des ſurfaces ; que dans aucune partie de cette province, il n’y a veſtiges de volcans ; que je n’ai trouvé aucunes matieres altérées par les feux ſouterrains, ni dans les montagnes, ni dans les pierres roulées par les torrens ; qu’il n’y a dans cette province, ni laves, ni tufs, ni scories d’aucunes eſpeces. Je n’ai vu, dans l’intérieur de la plaine, que deux ſources d’eaux hépatiques froides ; il y a une ſource abondante d’eau thermale ſulphureuſe, auprès de ſainte Euphemie, au dela de la preſqu’isle ; mai je ne puis regarder, ni les unes, ni les autres, comme indices de feu, puiſque la décompoſition ſpontannée des pyrites ſuffit pour les produire. J’inſiſte ſur cet objet pour détruire l’opinion de ceux, qui ſuppoſent des feux recellés ſous cette province : Ils s’y feroient connoitre par des phénomenes moins équivoques, s’ils y exiſtoient. il n’y a dans la plaine, & dans les montagnes qui l’entourent, au moins dans celles qui en forment le quadre, ni mines, ni matieres ſulphureuſes, ni bitumes, quoique les hiſtoriens du pays prétendent le contraire. Le granit ſe montre a découvert, dans preſque toute cette

cein-



31.1. Je me ſert des mots de foyers, de centre d’explosion, non que je croye, que la cauſe première des tremblemens de terre ait jamais reſidé ſous la Calabre ; mais ſeulement pour m’aider a en expliquer les effets, juſqu’a ce que j’aye déduit, des phénoménes eux mêmes, la cauſe de l’agitation du ſol de cette malheureuſe province.