Page:Dolomieu - Mémoire sur les tremblemens de terre de la Calabre.djvu/32

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ceinture, & le sol inférieur n’eſt qu’un compoſé d’argille, de ſable, & de cailloux.

Quoique les tremblemens de terre ſe ſoyent ſuccedés, preſque ſans aucune interruption, depuis le 5. Fevrier, juſqu’au mois d’aouſt ſuivant ; on peut leur fixer trois époques diſtinctes, relativement aux lieux, ſous leſquels ils ont agi le plus violemment, & aux effets qu’ils ont produits. La première comprendra les secouſſes, depuis le 5. Février juſqu’au sept du même mois, excluſivement ; la ſeconde renfermera celle du sept Février a une heure après midi, & toutes celles, dont elle fut suivie juſqu’à 28. Mars ; & l’autre enfin, toutes celles, qui furent poſtérieures a cette époque.

Le secouſſe terrible pour la plaine de Calabre, celle qui enſevelit sous les ruines des Villes, plus de vingt mille habitans, arriva le 5. Fevrier a midi & demi. Elle dura deux minutes, & ce court eſpace de tems lui ſuffit pour tout renverſer, pour tout détruire. Je ne puis mieux rendre compte de ses effets, qu’en suppoſant ſur une table, pluſieurs cubes formés de ſable humecté & taſſé avec la main, placés a peu de diſtance les uns des autres. Alors, en frappant a coups redoublés, ſous la table, & la sécouant en même tems, horiſontalement & avec violence, par un des ſes angles, on aura une idée des mouvemens violens & differenſ, dont la terre fut pour lors agitée. On éprouva, en même tems, des soubreſauts, des ondulations dans tous les ſens, des balencemens & des eſpeces de tournoyemens violents. Auſſi rien de tout ce qui étoit édifié ne put reſiſter a la complication de tous ces mouve-

ments.