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Page:Donop - Commandement et obeissance, 2e edition 1909.djvu/88

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On est excusable, en effet, de croire, un peu partout, que l’armée est destinée à accomplir toutes les besognes que lui assignent les pouvoirs publics, quand on la voit, depuis si longtemps, détournée, sous tous les prétextes, de ses devoirs professionnels, chaque jour plus pressants, plus chargés et plus difficiles cependant.

S’agit-il des fêtes d’une inauguration, d’un centenaire, d’un cinquantenaire, d’une pose de pierre, de l’ouverture d’une école, d’une visite d’un ministre, qui donc, de la gare à la préfecture, orne la voie triomphale de jolis sapins coupés dans la forêt voisine ; qui place les banderoles ; qui élève les arcs de triomphe, particulièrement celui qui soulève l’admiration, fait de baguettes de fusil, de baïonnettes, de casques et de sabres, disposés en attributs gouvernementaux ; qui suspend les lanternes de couleur aux arbres du Mail, si ce n’est, pour la plus grande part, le régiment ? « Notre cher régiment » — il est toujours cher en ces moments, — « notre cher régiment a réalisé des merveilles, sous la direction de son digne colonel et de ses officiers distingués. » Toujours digne et toujours distingués, alors.

Et si la ville enfiévrée n’a pas de garnison, il en va de même. Une dépêche à qui de droit et le régiment voisin est mis en route. Il arrive, musique en tête, drapeau déployé ; et un vin d’honneur