— Quelle nouille, éclata Grandjean en se redressant.
Puis, semblant se désintéresser de tout, il ajouta :
— Enfin, moi, je m’en fous, j’ai retrouvé le mien.
Mahieu tourna vers son ami un visage où l’on pouvait lire de la stupeur et de l’indignation.
— Le tien, fit-il. T’auras tout de même pas le culot de dire que c’est le tien ?
— Non, je me gênerai, nargua Grandjean… Tu crois peut-être que je le reconnais pas ; n’essaye pas de me bourrer le crâne, va. Cherche plutôt ton Boche de ton côté et passe la main.
La voix bonasse de Mahieu s’étrangla.
— Écoute, fit-il en se contenant, ne me pousse pas à bout. Tu sais bien que c’est le mien. Regarde sa gueule. Est-ce que le tien avait c’te moustache-là ?
— J’te dis que c’est le mien, s’entêta Grandjean.
— Eh bien, tiens, demande-lui, au Fritz. On verra, proposa loyalement le pépère.
Et se penchant vers l’Allemand toujours tapi dans son trou, il invoqua naïvement son témoignage en recourant à l’idiome petit nègre qu’emploient les grandes personnes pour parler aux enfants :
— Toi, tu es bien prisonnier à moi, lui dit-il d’un air engageant. Avec moi tu étais. Tu me reconnais ?
— Ya, répondit le prisonnier qui ne compre-