Page:Dorgelès - Les Croix de bois.djvu/75

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— Vas-y mec, l’encourage Vairon, ça commence à bouillonner.

Et ayant prévenu les copains, d’un coup d’œil complice, il ajoute, très sérieux :

— Veux-tu mon idée, gosse de gosse ? Eh bien, ton fricot serait meilleur si t’ajoutais un peu de riz… Ça te lierait ta sauce.

L’autre lève sa face aux yeux pleurards, l’air ahuri.

— Quoi, du riz ?…

Ainsi écroulé sur les genoux, tout en larmes, hirsute et barbouillé, on dirait qu’il demande pardon à ses bourreaux au moment d’être rôti vif.

— Nature, du riz, approuve perfidement Fouillard qui veut faire bénéficier Bouffioux de son expérience. Ça te fera quéque chose de plus doux, de plus présentable.

Les camarades se bourrent les côtes, étouffant de joie.

— Allons-y pour du riz, consent Bouffioux qui se relève péniblement.

Et il va en prendre plein ses deux mains, une écuellée qu’il jette dans la marmite. Caché derrière le cabot d’ordinaire, l’un des cuisiniers rit dans son mouchoir, n’en pouvant plus.

— Ah ! j’me marre… Qu’est-ce qu’ils vont bouffer les gars de la cinquième !…

— Du bois, ch’timi, commande Vairon, le feu reprend. Pas de branches, surtout, ça fume de trop.

Sans changer d’arme, Broucke prend une moitié de porte, posée contre le mur, et la fend d’un bon coup.

— Va falloir cor inlever d’marches à l’z’escayer,