dit-il, v’lo qu’y a déjà plus d’bo… Ch’est cor cha qui brûle el mieux.
En effet, sur ce bois bien sec qui flambe clair, la soupe se met à chanter.
— Ça y est ! Ça chauffe ! bredouille le marchand de chevaux. Je serai à l’heure !
Tout un cercle de faces épanouies le contemple : leur joie devient de la béatitude.
— Tu sais pas, Bouffioux, suggère alors astucieusement le caporal d’ordinaire, à ta place, j’verserais deux bons litres de vin la n’dedans et je ferais bouillir un petit quart d’heure.
Un rire fuse : Fouillard ne peut plus se retenir. Mais les autres approuvent de la tête sérieux comme un concile.
— T’es pas louf que je vas y foutre du vin, proteste pourtant Bouffioux qui retrouve une lueur de raison dans les fumées du tord-boyaux. Vous m’avez déjà fait mettre du lait.
— Qu’est-ce que ça prouve ? D’abord du lait, t’en as pas mis lerche, et puis les légumes ont tout bu. J’te dis que tu as tort.
— Sûr, que ça serait meilleur, opine hypocritement Vairon.
— Mais j’en ai pas, d’pinard. J’peux pourtant pas prendre celui de l’escouade.
Le caporal d’ordinaire, sentant faiblir le cuistot désemparé, a un beau geste :
— Tiens, j’t’en refile deux litres, moi… Broucke, prends dans le coin. Il y en a six seaux pleins et trois bouteillons.
Prompt, le ch’timi saisit le premier seau venu, –