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Page:Dornis - Essai sur Leconte de Lisle, 1909.djvu/241

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LA FIGURE DU CHRIST

de scruter de dogme chrétien avec probité, l’avaient très exactement renseigné sur ce que l’ortodoxie catholique entend par le « Mystère de la Rédemption. » Il l’a décrit, par la bouche de son Évêque Cyrille, exposant à la vierge païenne le dogme romain :


« … Il est venu ; des voix l’annonçaient d’âge en âge ;
La sagesse et l’amour ont marqué son passage ;
Il a vaincu la mort et, pour de nouveaux cieux,
Purifié le cœur d’un monde déjà vieux,
D’un souffle balayé des siècles de souillures,
Chassé de leurs autels les Puissances impures,
Et rendu sans retour par son oblation
La force avec la vie à toute nation ![1] »


Dans son poème : La Passion, on relève deux passages qui précisent, plus exactement encore, le soin que Leconte de Lisle eut de juger la Rédemption, au point de vue du « Credo ». Le poète s’adresse d’abord au Christ lui-même ; il déclare :


« Heureux qui de t’aimer fait son unique loi…
Mais, plus heureux, Seigneur, qui n’a jamais douté
Qu’en créant l’univers, tu l’avais racheté ![2] »


Le mot même de « Rédempteur » est prononcé un peu plus loin dans des vers qui louent l’efficacité du baptême et plaignent ceux qui en sont exclus :


« Le Rédempteur regarde au travers les temps sombres,
Et voyant que le Mal, jusques au dernier jour,
Flétrira pour beaucoup les fruits de son amour,
Saisi d’une souffrance amère, inexorable,
Il se meurt de pitié pour la race coupable.[3] »

  1. « Hypatie et Cyrille ». Poèmes Antiques.
  2. « La Passion ». Poésies complètes, Poulet Malassis etde Broise, 1858,
    Paris. Exclue des prochaines éditions. Réimprimée après la mort du
    poète dans les Derniers Poèmes, 1895.
  3. « La Passion ». Derniers Poèmes.