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Page:Dornis - Essai sur Leconte de Lisle, 1909.djvu/271

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LA CONCEPTION POLITIQUE

souffrances que ces malheureux ont supportées, des excitations qui peut-être les ont déchaînées. Il ne voit plus que leurs crimes :

« … Ces bandits ont laissé derrière eux des troupes de femmes qui allument de nouveaux incendies à tout moment… On a saisi, sur le fait, d’ignobles créatures qui versent du pétrole dans les soupiraux des caves et l’y allument. Elles sont immédiatement fusillées, mais cent autres leur succèdent.[1] »

Ces exécutions sommaires, non seulement Leconte de Lisle les approuve, mais il veut qu’on les étende, que l’on nettoie, par le fer et par le feu, toute l’affreuse plaie. Il se réjouit d’apprendre que les « bandits » vigoureusement culbutés de toutes les barricades, sont enfin acculés à Belleville et à la Villette, « où on les écrasera sans doute avant peu. »

Il a recueilli le bruit que la plupart des « énergumènes » de la Commune ont été fusillés. Il « en doute » ; mais il souhaite « qu’ils ne perdent rien pour attendre » :

« … Il n’est pas, écrit-il, un seul gouverneur étranger qui puisse refuser l’extradiction de scélérats semblables. »

Et comme il ne veut point que l’on se méprenne, sur les sentiments qu’il exprime, sur les châtiments qu’il exige, comme il n’entend pas que la postérité aperçoive en lui, un bourgeois terrorisé, il distingue, une fois pour toutes, la « propagande par le fait », de « l’action raisonnée. » Il rejette loin de lui tous les fauteurs d’anarchie. Il fulmine cette excommunication :

« … Il ne s’agit plus ici de politique : il s’agit de vols publics et privés, de massacres dans les prisons, d’hospices incendiés avec les malades qui y étaient couchés, de maisons en flammes, croulant avec les familles qui les habitaient, de monuments publics, contenant des choses inestimables, à jamais perdues. Ce sont là des crimes tellement monstrueux qu’au-

  1. Paris, 21 mai 1871.