Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

affligé. Il n’y a pas de maison de fous, mais on s’est emporté de part et d’autre. Voyons, conviens-en : comment t’es-tu conduit ? Tu te rappelles ce que tu as osé dire à un homme que son âge devrait te rendre vénérable ?

— Des hommes pareils n’ont pas d’âge, mon oncle.

— Voyons, mon ami, tu dépasses la mesure ! C’est de la licence. Je ne désapprouve pas l’indépendance de pensée tant qu’elle reste dans les bornes du bon goût, mais tu dépasses la mesure !… Et tu m’étonnes, Serge !

— Ne vous fâchez pas, mon oncle ; j’ai tort, mais seulement envers vous. En ce qui concerne votre Foma…

— Bon ! votre Foma, à présent ! Allons, Serge, ne le juge pas si sévèrement ; c’est un misanthrope, un malade et voilà tout. Il ne faut pas se montrer trop exigeant avec lui. Mais en revanche, c’est un noble cœur ; c’est le plus noble des hommes. Tu en as encore vu la preuve tantôt et, s’il a parfois de petites lubies, il n’y faut pas faire attention. À qui cela n’arrive-t-il pas ?

— Je vous demanderais plutôt à qui ces choses-là arrivent ?

— Ah ! tu ne cesses de répéter la même chose !