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Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/52

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sont tous francs-maçons et propagent l’incrédulité ; ils ont peur d’un verre de cognac, comme si ça pouvait faire du mal ! Vous m’avez mis en colère, mon petit père, et je ne veux plus rien te raconter. Je ne suis pas payé pour te narrer des histoires et puis, je suis fatigué. On ne peut médire de tout le monde et, d’ailleurs, c’est péché. Ça n’empêche pas que Foma a fait perdre la tête au valet de chambre de votre oncle...

— À leur place, intervint Grigori, j’aurais laissé ce Vidopliassov sous les verges jusqu’à ce que sa bêtise lui fût sortie de la tête !

— Tais-toi ! cria Bakhtchéiev ; on ne te parle pas !

— Vidopliassov ! fis-je pour dire quelque chose Vidopliassov ! quel drôle de nom !

— Qu’a-t-il de si drôle ? Vous vous étonnez facilement pour un savant !

J’étais à bout de patience.

— Pardon, lui dis-je, qu’avez-vous contre moi ? Qu’est-ce que je vous ai fait ? J’avoue que, depuis une demi-heure que je vous écoute, je ne comprends même pas ce dont il s’agit.

— Tu as tort de t’offenser, mon petit père, répondit le bonhomme. Si je te parle ainsi, c’est que tu me plais. Ne faites pas attention à tout ce que je viens de dire à mon domestique ; mon