Page:Dostoïevski - Correspondance et Voyage à l’étranger.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La situation matérielle de Dostoïevski s’améliorait peu à peu ; sa vie devenait plus régulière et sédentaire.

En 1873 il fut invité par le prince Mestcherski à diriger le journal Grajdanine (Le Citoyen). En 1876 Dostoïevski commença à éditer le Journal d’un Écrivain qui obtint, pour son temps, un succès inouï. En 1876 il avait 1.982 abonnés et la vente au numéro atteignait 2.500 exemplaires ; plusieurs numéros furent tirés à deux ou trois éditions. En 1877, les abonnements s’élevaient à 3.000, avec le même chiffre pour la vente au numéro. Le numéro d’août 1880, qui contenait une étude sur Pouchkine, fut tiré à 4.000 exemplaires vendus en quatre jours. Une seconde édition de 2.000 exemplaires se trouva également épuisée en quelques jours. En 1881, on tira 8.000 exemplaires du Journal d’un Écrivain, tous furent vendus le jour de la mort de Dostoïevski ; une nouvelle édition de 8.000 exemplaires fut aussi très vite épuisée.

La dernière année de la vie de Dostoïevski fut marquée par une ovation bruyante, enthousiaste, dont l’honora la foule à l’inauguration du monument de Pouchkine, à Moscou. Le fameux discours qu’il prononça à Moscou, le 8 juin 1880, sur Pouchkine lui valut une popularité dont n’avait joui jusqu’alors aucun écrivain russe.

La même année (1880), Dostoïevski termina Les Frères Karamazov.

Il fit paraître la même année un seul numéro du Journal d’un Écrivain. Il avait de grands projets pour cette édition ; le numéro de janvier était déjà sous presse et devait paraître le 31, mais le 28, Dostoïevski n’était plus.

Jamais la Russie n’avait fait de pareilles funérailles à un écrivain ; la foule qui suivait la dépouille mortelle s’étendait sur une longueur de trois kilo-