Page:Dostoïevski - Crime et chatiment, tome 2.djvu/187

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Du hast Diamanten und Perlen[1]

Qu’est-ce qu’il y a ensuite ? Voilà ce qu’il faudrait chanter…

Du hast die schönsten Augen,
Madchen, was willst du mehr[2] ?…

Eh ! oui, que veut-elle de plus, l’imbécile ?… Ah ! voici encore :

Dans une vallée du Daghestan
Que le soleil brûle de ses feux…

Ah ! que je l’aimais !… J’aimais cette romance à l’adoration, Poletchka !… Ton père la chantait avant notre mariage… Ô jours !… Voilà ce que nous devrions chanter ! Eh bien ! comment donc, comment donc ? Tiens, j’ai oublié… Mais rappelez-moi donc la suite !…

En proie à une agitation extraordinaire, elle s’efforçait de se soulever sur le lit. À la fin, d’une voix rauque, brisée, sinistre, elle commença, en respirant après chaque mot, tandis que son visage exprimait une frayeur croissante :

Dans une vallée… du Daghestan…
Que le soleil… brûle de ses feux,
Une balle dans la poitrine…

Puis, tout à coup, Catherine Ivanovna fondit en larmes, et, avec une désolation poignante :

— Excellence ! s’écria-t-elle, protégez des orphelins ! En souvenir de l’hospitalité reçue chez feu Simon Zakharitch !… On peut même dire aristocratique !… Ha ! frissonna-t-elle soudain, et, comme cherchant à se rappeler où elle était, elle regarda avec une sorte d’angoisse tous les assistants ; mais elle reconnut aussitôt Sonia et parut surprise de la voir devant elle.

  1. Tu as des diamants et des perles…
  2. Tu as les plus beaux yeux,
    Jeune fille, que veux-tu de plus ?…