Page:Dostoïevski - Humiliés et offensés.djvu/215

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jours, très-prochainement, j’aurai le plaisir de vous faire une visite. Au revoir pour aujourd’hui…

Il me serra la main cordialement, trop cordialement même, échangea un regard avec Masloboïew et sortit.

— Dis-moi pour l’amour de Dieu… commençai-je en entrant dans la chambre…

— Je te dirai juste rien du tout, dit Masloboïew en m’interrompant ; il prit en toute hâte sa casquette et se dirigea vers l’antichambre. J’ai à faire, mon vieux, il faut que je coure, je suis en retard !…

— Mais tu m’as écrit de venir à midi.

— Qu’y a-t-il d’extraordinaire à cela ? Je t’ai écrit hier, et l’on m’a écrit aujourd’hui, et c’est pour une chose si grave que j’en ai la tête fendue. On m’attend, mille pardons, Vania ! La seule satisfaction que je puisse t’offrir, c’est de me rosser pour t’avoir dérangé inutilement. Si le cœur t’en dit, rosse-moi ; mais, au nom du ciel ! fais vite, ne me retiens pas, on m’attend…

— Pourquoi te rosserais-je ? Dès le moment que tu as à faire, vas-y vite : on ne saurait toujours prévoir… seulement…

— Non, c’est moi qui dirai seulement, répliqua-t-il en s’élançant dans l’antichambre et en mettant son manteau pendant que je faisais de même. J’ai à te parler d’une affaire, d’une affaire très-importante même, qui te concerne et touche à tes intérêts ; c’est pour cela que je t’avais prié de passer ; mais je ne puis pas te raconter la chose en une minute ; c’est pourquoi tu vas me promettre de venir ce soir à sept heures précises, ni plus tôt, ni plus tard ; je serai à la maison.

— Aujourd’hui, dis-je avec hésitation, c’est que je voulais aller ce soir…

— Eh bien, tu iras maintenant où tu voulais aller ce soir, et ce soir tu viendras. Si tu savais quelles choses j’ai à te communiquer !

— Dis-moi du moins de quoi il s’agit. Je serais curieux de savoir…

Pendant ce temps nous étions sortis et nous nous trouvions debout sur le trottoir.

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