fois le distraire, mais il répondait à peine et parfois laissait voir que ces entretiens lui étaient pénibles. Elle n’eût pas cru qu’il souffrirait autant. Seuls les enfants parvenaient à le distraire ; il riait même parfois avec eux ; mais, à tout instant, il se levait, et allait sur la pointe des pieds voir la malade. Il lui sembla plusieurs fois qu’elle le reconnaissait. Il n’avait aucun espoir de la voir guérir, pas plus que personne, mais il ne pouvait s’éloigner de la chambre où elle se mourait, et il se tenait habituellement dans la pièce voisine.
Deux fois, au cours de cette période, il fut pris d’un besoin extrême d’agir. Il partit, courut à Pétersbourg, alla voir les médecins les plus réputés, et les réunit en consultations : la dernière eut lieu la veille même de la mort. Trois jours auparavant, Klavdia Petrovna lui avait dit qu’il était indispensable de retrouver, coûte que coûte, M. Trousotsky : « En cas de malheur, il serait même impossible de l’enterrer sans la présence de son père. » Veltchaninov avait répondu d’un air distrait qu’il lui écrirait. Le vieux Pogoreltsev avait alors déclaré qu’il le ferait rechercher par la police. Veltchaninov avait fini par écrire un mot très laconique et l’avait lui-même porté à l’hôtel. Pavel Pav-