Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/157

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chaninov, ne sachant pas qu’en faire, sans doute, pesa fortement sur lui, et le campa assis sur une borne.

— Lisa est morte ! lui dit-il.

Pavel Pavlovitch continuait à le regarder, assis sur sa borne, et maintenu en équilibre par l’une des femmes. Il finit par comprendre, et ses traits s’affaissèrent.

— Elle est morte…, murmura-t-il d’un air étrange.

Était-ce tout simplement son large et ignoble sourire d’ivrogne, ou y eut-il en effet quelque chose de sournois et de mauvais qui passa dans ses yeux, Veltchaninov ne put s’en rendre compte.

Un instant après, Pavel Pavlovitch leva avec effort sa main droite, pour faire un signe de croix ; mais la croix resta inachevée, et la main tremblante retomba. Un peu après encore, il se leva péniblement de sa borne en se cramponnant à la femme, s’appuya sur elle, et se remit en route, comme si de rien n’était, sans plus s’occuper de Veltchaninov. Celui-ci l’empoigna de nouveau par l’épaule.

— Comprendras-tu, brute d’ivrogne, qu’on ne peut l’enterrer sans toi ? cria-t-il, étouffant de colère.