Veltchaninov fut aussitôt présenté à madame Zakhlébinine : c’était une femme mûre et grasse, aux traits vulgaires et fatigués. Puis ce fut le tour des jeunes filles, une à une ou deux par deux. Il y en avait toute une troupe ; Veltchaninov en compta dix ou douze, puis y renonça : les unes rentraient, les autres sortaient, des voisines s’étaient jointes aux filles de la maison. La maison des Zakhlébinine était une grande bâtisse en bois, d’un goût médiocre et bizarre, faite de corps de bâtiments de diverses époques. Elle était entourée d’un grand jardin, sur lequel donnaient trois ou quatre autres villas : le jardin était commun et les filles voisinaient, de bonne amitié.
Veltchaninov comprit dès les premiers mots qu’il était attendu, et que son arrivée, en qualité d’ami de Pavel Pavlovitch désireux d’être présenté, était un événement. Son œil, expert en cette sorte d’affaires, eût bientôt démêlé dans tout cela une intention particulière : l’accueil excessivement cordial des parents, un certain air des jeunes filles, et leur mise apprêtée (il est vrai que c’était jour de fête) lui donnèrent immédiatement à penser que Pavel Pavlovitch lui avait joué un tour, et qu’il avait fait ici, à propos de lui, des insi-