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Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/88

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cela vaut. » Écoutez, je vais vous proposer quelque chose. Vous venez de dire que vous comptez vous en aller dans huit jours, mettons quinze. Il y a ici une maison où je suis comme en famille, où je suis tout à fait chez moi, depuis vingt ans. Ce sont les Pogoreltsev. Oui, Alexandre Pavlovitch Pogoreltsev, le conseiller intime ; il pourra vous être utile, pour votre affaire. Ils sont maintenant à la campagne. Ils ont une villa très confortable. Klavdia Petrovna Pogoreltseva est pour moi comme une sœur, comme une mère. Elle a huit enfants. Laissez-moi lui mener Lisa ; je le ferai moi-même, pour ne pas perdre de temps. Ils l’accueilleront avec joie, et la traiteront, tout ce temps-là, comme leur fille, leur propre fille !

Il était prodigieusement impatient, et ne le dissimulait plus.

— Cela n’est pas possible, fit Pavel Pavlovitch avec une grimace où Veltchaninov vit de la malice, et en le regardant au fond des yeux :

— Pourquoi ? pourquoi impossible ?

— Mais parce que je ne puis pas laisser partir l’enfant comme cela… On ! je sais bien qu’avec un ami aussi sincère que vous… ce n’est pas cela… mais enfin ce sont des gens du grand monde, et je ne sais comment elle y sera reçue.