Quoiqu’il continuât à se promener dans la chambre, il était beaucoup moins agité que tout à l’heure.
— C’est encore heureux que tu prennes cela en philosophe ; vraiment, j’en suis bien aise, observa Barbara Ardalionovna.
— Mais c’est un débarras ; pour toi, du moins.
— Je crois t’avoir servi sincèrement, sans raisonner et sans te fatiguer de mes questions ; je ne t’ai pas demandé quel bonheur tu voulais trouver chez Aglaé.
— Mais est-ce que j’ai… cherché du bonheur chez Aglaé ?
— Allons, ne te mets pas à philosopher, s’il te plait ! Assurément, oui, c’est fini : nous voilà avec un pied de nez. Je t’avoue que je n’ai jamais pu envisager sérieusement cette affaire ; je m’en occupais seulement « à tout hasard », comptant sur le caractère ridicule de la jeune fille, mais mon intention était surtout de t’amuser. Il y avait quatre-vingt-dix chances pour que cela n’aboutît pas. Maintenant encore je ne sais pas moi-même ce que tu avais en vue.
— À présent ton mari et toi vous allez me presser d’entrer au service, me répéter sur tous les tons qu’avec la persévérance et la force de volonté on arrive à tout, qu’il ne faut pas mépriser les petits profits, etc., je sais cela par cœur, dit en riant Gania.
« Il a quelque nouvelle idée en tête ! » pensa Varia.
— Et les parents ? Ils sont enchantés ? demanda soudain le jeune homme.
— N-non, pas trop, à ce qu’il semble. Du reste, tu peux toi-même en juger : Ivan Fédorovitch est content ; Élisabeth Prokofievna a peur ; il lui a toujours répugné de voir dans le prince un mari pour sa fille, c’est connu.
— Je ne parle pas de cela ; le prince est un parti absurde, impossible ; c’est clair. Je te demande où en sont maintenant les choses : Aglaé a-t-elle formellement consenti ?
— Jusqu’à présent elle n’a pas dit « non », — voilà tout ; mais de sa part on ne pouvait pas attendre plus. Tu sais combien elle est encore honteuse et timide : dans son enfance, quand il venait du monde chez ses parents, elle se