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Page:Dostoïevski - L’Idiot, tome 2.djvu/24

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à Eugène Pavlitch que reviendra toute cette fortune… Oui, oui… et pourtant j’ai peur ! Je ne m’explique pas pourquoi, mais j’ai peur. On dirait qu’il y a quelque chose dans l’air, un malheur qui vole, comme une chauve-souris, et j’ai peur, j’ai peur !… »

Et enfin, le troisième jour seulement, comme nous l’avons dit plus haut, eut lieu la réconciliation formelle des Épantchine avec le prince Léon Nikolaïévitch.

XII

Il était sept heures de l’après-midi. Le prince se disposait à aller au parc quand, tout à coup, il vit paraître sur sa terrasse Élisabeth Prokofievna. Elle était seule.

Premièrement, ne t’avise pas de croire, commença-t-elle, — que je sois venue pour te demander pardon. Jamais de la vie ! Tous les torts sont de ton côté.

Le prince resta silencieux.

— Es-tu coupable, oui ou non ?

— Autant que vous. Du reste, ni vous ni moi n’avons à nous reprocher aucune mauvaise intention. Avant-hier, je me croyais coupable, mais maintenant j’ai reconnu que je me trompais.

— Ainsi voilà comme tu es ! Allons, c’est bien ; écoute et assieds-toi, parce que je n’ai pas l’intention de rester debout.

Ils s’assirent.

Secondement, pas un mot des méchants gamins ! J’ai dix minutes à passer avec toi ; je suis venue ici pour un renseignement (tu t’imaginais peut-être Dieu sait quoi ?), et si tu fais la moindre allusion à ces morveux, je me lève, je m’en vais, et c’est fini entre nous pour toujours.

— Bien, répondit le prince.

— Permets-moi de te faire une question : tu as écrit, il y