Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/28

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enfin une chose capitale : le prince était sous la tutelle d’une inconnue nommée Stepanida Matveïevna, — Dieu sait quel le sorte de femme ! — arrivée avec lui de Pétersbourg, vieille, obèse, éternellement vêtue d’indienne, un trousseau de clefs toujours à la main. Le prince lui obéit en tout comme un enfant et n’ose faire un pas sans la consulter. Elle le lave de ses propres mains, le choie, le promène et l’amuse comme un bébé ; enfin, c’est elle qui défend sa porte aux parents qui commencent à connaître le chemin de Doukhanovo… On discuta beau coup, surtout parmi les dames, cette liaison incompréhensible. On ajouta que Stepanida Matveïevna régissait de sa propre autorité, sans contrôle, toute la fortune du prince. Elle change d’intendant, de domestiques, louche les revenus ; d’ailleurs son administration est bonne, et les paysans la bénissent. Pour le prince, il ne quitte plus sa toilette, essayant des espagnoles, des perruques, des habits. Quelquefois il joue aux cartes avec