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VIII

Vous m’interrompez en éclatant de rire : « Ha ! ha ! ha ! Mais, en réalité, le désir n’existe pas ! La science a si bien su étudier l’homme qu’il nous est maintenant connu que le désir, et aussi ce qu’on est convenu d’appeler le libre arbitre, ne sont autre chose que… »

Pardon, Messieurs, c’est justement par là que je voulais moi-même commencer. Je vous avoue que j’ai même eu peur. J’allais précisément crier que le désir dépend de Dieu sait quoi et qu’il en est peut-être mieux ainsi, mais j’ai pensé à la science et je me suis arrêté. C’est à ce moment que vous avez parlé. Car, en effet, si l’on découvrait réellement la formule de tous nos désirs et de tous nos caprices et, expliquant de quoi ils dépendent, quelles lois les dirigent, comment ils se développent, vers quel but ils tendent en tel ou tel cas, et ainsi de suite, enfin une véritable formule mathématique,