Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/55

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période de Schleswig-Holstein des destinées humaines. L’immoralité, et par conséquent l’imprudence ; car on sait de longue date que l’imprudence ne provient que de l’immoralité. Essayez donc, jetez un regard sur l’histoire de l’humanité : eh bien, que verrez-vous ? Est-ce majestueux ? Supposons que ce soit majestueux ; que le colosse de Rhodes, seul, vaille quelque chose, par exemple ! C’est bien pour quelque chose que M. Anaevsky témoigne que certains disent qu’il est l’œuvre de l’homme ; d’autres prétendent qu’il a été créé par la nature. C’est trouble ? Supposons que cela soit trouble. Combien est-il difficile de reconnaître dans tous les siècles et chez tous les peuples les uniformes de grande tenue des militaires et des civils, — cela est déjà assez compliqué, et avec les petites tenues on se casserait le nez complètement ; pas un historien n’y résisterait. C’est monotone ? Eh bien, oui, c’est monotone : on s’est battu tout le temps, on se battait autrefois, on se bat encore, convenez que c’est par trop uniforme. Bref, tout peut être dit sur l’histoire universelle, tout ce qu’une imagination détraquée peut inventer. Il y a une seule chose que vous ne pourrez pas dire : que c’est prudent. Au premier mot, les paroles vous resteront dans la gorge. Il apparaît constamment dans la vie des gens très moraux et très prudents, des sages et des philanthropes, qui se donnent pour but d’être aussi moraux et aussi prudents que pos-