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Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 2.djvu/104

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que nous avons fait du lieu du crime et de la position du corps. Il n’y a pas de doute à cet égard.

Mitia demeurait abasourdi.

— Mais c’est impossible, messieurs ! Je ne suis pas entré… Je vous dis que la porte est restée fermée durant tout le temps que j’ai passé dans le jardin, je me suis tenu sous la fenêtre, et ce n’est qu’à travers la fenêtre que j’ai vu mon père… Je me rappelle tous les détails. D’ailleurs le signal n’était connu que de lui, de moi et de Smerdiakov, et sans signal mon père n’aurait pas ouvert.

— Quel signal ? demanda le procureur avec une curiosité fiévreuse.

Il perdait tout son sang-froid, il insinuait sa question comme on rampe, pressentant un fait important et encore inconnu et craignant que Mitia refusât de dévoiler ce secret.

— Ah ! vous ne le saviez pas, dit Mitia en clignant de l’œil avec un sourire ironique. Et qu’arriverait-il si je refusais de répondre ? Qui vous dirait la chose à ma place ? Le défunt, moi, Smerdiakov et le bon Dieu sommes seuls à connaître ce mystère. Pour le bon Dieu, il ne vous répondra pas. C’est un point très-intéressant, le diable sait tout ce qu’on en pourra déduire ! Consolez-vous, messieurs, je vais vous le dévoiler, vos craintes sont chimériques. Vous ne me connaissez pas : l’accusé déposera contre lui-même, oui, car il est un chevalier d’honneur ; quant à vous…

Le procureur avala sans faire la grimace ces amères pilules. Il frémissait seulement d’impatience.

Mitia expliqua tous les signaux concertés entre Fédor Pavlovitch et Smerdiakov,