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Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 2.djvu/265

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faible pour accepter trois mille roubles offerts dans des conditions humiliantes, aurait-il eu la force de conserver si longtemps, sans y toucher, une somme qui lui était nécessaire ?

« Voici comment le vrai Karamazov a dû procéder : à la première tentation, par exemple, pour procurer quelque plaisir à sa bien-aimée, il aura pris une centaine de roubles, — car pourquoi garder absolument la moitié des trois mille roubles ? quatorze cents, c’est tout de même : « Je suis un misérable, mais non pas un voleur ! car je rendrai quatorze cents roubles, ce dont un voleur est incapable. » Et ce raisonnement l’aura conduit jusqu’au dernier billet de cent roubles : « Un misérable, non pas un voleur ! j’ai dépensé vingt-neuf billets, je rendrai le trentième. Un voleur ne le ferait pas ! » Mais devant le dernier billet, il se sera dit : « Ce n’est plus la peine ! Dépensons celui-là comme les autres !… »

VI

« L’expertise médicale a voulu nous prouver que l’accusé n’a pas l’usage de toutes ses facultés. J’affirme le contraire. Il n’y a pas d’autre folie en lui que celle de la jalousie. »

Hippolyte Kirillovitch entra dans l’analyse des tortures morales qu’avait souffertes Dmitri par jalousie. Il parla de la rivalité du père et du fils dans un tel amour, un véri-