Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 1.djvu/168

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Chapitre V. Le Très Sage Serpent.

I

Barbara Pétrovna sonna et se laissa tomber sur un fauteuil près de la fenêtre.

— Asseyez-vous ici, ma chère, dit-elle à Marie Timoféievna en lui indiquant une place au milieu de la chambre, devant la grande table ronde ; — Stépan Trophimovitch, qu’est-ce que c’est ? Tenez, regardez cette femme, qu’est-ce que c’est ?

— Je… je… commença péniblement Stépan Trophimovitch.

Entra un laquais.

— Une tasse de café, tout de suite, le plus tôt possible. Qu’on ne dételle pas.

— _Mais, chère et excellente amie, dans quelle inquiétude_… gémit d’une voix défaillante Stépan Trophimovitch.

— Ah ! du français, du français ! On voit tout de suite qu’on est ici dans le grand monde ! s’écria en battant des mains Marie Timoféievna qui, d’avance, se faisait une joie d’assister à une conversation en français. Barbara Pétrovna la regarda presque avec effroi.

Nous attendions tous en silence le mot de l’énigme. Chatoff ne levait pas la tête, Stépan Trophimovitch était consterné comme s’il eût eu tous les torts ; la sueur ruisselait sur ses tempes. J’observai Lisa (elle était assise dans un coin à très peu de distance de Chatoff). Le regard perça