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Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 1.djvu/249

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— Vous… lui avez parlé ? demanda-t-il.

— Oui. Il ne se cache pas de moi. C’est une personnalité prête à tout ; pour de l’argent, bien entendu. Du reste, il a aussi des principes, à sa façon, il est vrai. Ah ! oui, dites donc, si vous avez parlé sérieusement tantôt, vous vous rappelez au sujet d’Élisabeth Nikolaïevna, je vous répète encore une fois que je suis moi aussi une personnalité prête à tout, dans tous les genres qu’il vous plaira, et entièrement à votre service… Eh bien, vous prenez votre canne ? Ah ! non, vous ne la prenez pas. Figurez-vous, il m’avait semblé que vous cherchiez une canne.

Nicolas Vsévolodovitch ne cherchait rien et ne disait mot, mais il s’était brusquement levé à demi, et son visage avait pris une expression étrange.

— Si, en ce qui concerne M. Gaganoff, vous avez aussi besoin de quelque chose, lâcha tout à coup Pierre Stépanovitch en montrant d’un signe de tête le presse-papier, — naturellement je puis tout arranger et je suis convaincu que vous ne me tromperez pas.

Il sortit sans laisser à Nicolas Vsévolodovitch le temps de lui répondre ; mais avant de s’éloigner définitivement, il entrebâilla la porte et cria par l’ouverture :

— Je dis cela, parce que Chatoff, par exemple, n’avait pas non plus le droit de risquer sa vie le dimanche où il s’est porté à une voie de fait sur vous, n’est-il pas vrai ? Je désirerais appeler votre attention là-dessus.

Il disparut sans attendre la réponse à ces paroles.

IV

Peut-être pensait-il que Nicolas Vsévolodovitch, laissé seul, allait frapper le mur à coups de poing, et sans doute il aurait été bien aise de s’en assurer si cela avait été possible ;