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Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 1.djvu/263

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— Venez la nuit ; quand ?

— Mais n’avez-vous pas oublié notre affaire de demain ?

— Ah ! je l’avais oubliée, soyez tranquille, je serai levé à temps ; à neuf heures je serai là. Je sais m’éveiller quand je veux. En me couchant, je dis : à sept heures, et je m’éveille à sept heures, à dix heures — et je m’éveille à dix heures.

— Vous possédez des qualités remarquables, dit Nicolas Vsévolodovitch en examinant le visage pâle de Kiriloff.

— Je vais aller vous ouvrir la porte.

— Ne vous dérangez pas, Chatoff me l’ouvrira.

— Ah ! Chatoff. Bien, adieu !

VI

Le perron de la maison vide où logeait Chatoff était ouvert, mais quand Stavroguine en eut monté les degrés, un vestibule complètement sombre s’offrit à lui, et il dut chercher à tâtons l’escalier conduisant à la mezzanine. Soudain en haut s’ouvrit une porte, et il vit briller de la lumière ; Chatoff n’alla pas lui- même au devant du visiteur, il se contenta d’ouvrir sa porte. Lorsque Nicolas Vsévolodovitch se trouva sur le seuil, il aperçut dans un coin le maître du logis qui l’attendait debout près d’une table.

— Je viens chez vous pour affaire, voulez-vous me recevoir ? demanda Stavroguine avant de pénétrer dans la chambre.

— Entrez et asseyez-vous, répondit Chatoff, — fermez la porte ; non, laissez, je ferai cela moi-même.

Il ferma la porte à la clef, revint près de la table et s’assit en face de Nicolas Vsévolodovitch. Durant cette semaine il avait maigri, et en ce moment il semblait être dans un état fiévreux.

— Vous m’avez beaucoup tourmenté, dit-il à voi